Je me suis dit que Noël valait bien un petit conte que j'ai écrit pour nous inviter à prendre soin de notre capacité d'émerveillement...
Très bon Noël à chacun de vous,
Sagesse enfantine
Il était une fois un tout petit garçon
Qui vivait au dedans d’une étrange maison.
En fait d’habitation, il s’agissait d’un trou,
Un trou dans la muraille, une caverne à loups.
Il était orphelin et n’était pas bien vieux.
On le voyait courir car il était heureux.
Il vivait de ses chasses qu’il vendait au village.
On l’appréciait ainsi, seul et dans les nuages.
Les bigotes du bourg le rejetaient un peu
Car il était en marge et empestait le feu.
Ses haillons de bohème étaient si répugnants
Que ces femmes de Dieu le prenaient pour dément.
Mais lui, il souriait à leurs propos de folles,
Et s’en allait heureux, oubliant leurs paroles.
Or voilà qu’un beau jour, il vint voir l’artisan
Qui fabriquait des chaises, des tables et des bancs.
La beauté du matin qu'on trouve dans les livres
Eclairait la prairie recouverte de givre.
Pierrot en arrivant chez le vieux menuisier
Demanda au bonhomme un siège de trois pieds.
Il fallait faire vite, il la voulait finie
Avant la fin du jour. A ces mots l’homme rit :
« - Mais ce n’est pas possible car je n’ai pas le temps ;
Faire un trépied c’est long et tu n’as pas d’argent...
- Je te paierai, promis, avec quelques lapins,
Mais je t’en prie, Monsieur, j’aurais tant de chagrin
Si tu n’acceptais pas de me faire une chaise.
- D’accord, répondit-il, retourne à ta falaise
Et reviens dès ce soir ; je l’aurai achevée. »
Lorsqu’enfin fut venu le moment tant rêvé,
Petit Pierre était là, sur le pas de la porte.
La pipe du vieil homme, dans sa bouche, était morte.
Mais le trépied vivait d’un fort joli bois blanc.
Petit Pierre le prit et partit en courant.
Le menuisier suivit la course de l’enfant.
Il alla tout en haut d’une colline en sang :
Le soleil se couchait et colorait le ciel
D’un rouge flamboyant et d'un jaune de miel.
Petit Pierre posa en haut de la colline
La chaise qui de loin avait l’allure fine.
L’enfant monta dessus afin de prolonger
La joie qu’il ressentait à la vue d’un coucher
Du soleil qui se meurt dans l’horizon lointain...
Profitons de l’instant sans attendre à demain :
Pour ce 25 décembre, je vous offre ces vers
Comme pour rappeler qu'il faut à nos affaires
Offrir quelques sagesse et émerveillement,
Ainsi qu'à notre monde espoir et joie d'enfant !
Très chaleureusement à vous,
Jérôme Curnier