La première raison pour laquelle on consulte un coach aujourd’hui ?
La perte de sens et ses manifestations classiques : démotivation, usure, fatigue chronique...
Bien sûr, les intéressés ne formulent pas aussi clairement leur plainte. Ce qu’ils disent, c’est plutôt :
▶ ce que je fais ne sert à rien,
▶ on me confie des tâches absurdes,
▶ je rêve d’autonomie, mais mes marges de manœuvre rétrécissent à vue d’œil,
▶ je ne supporte plus de devoir faire avaler des couleuvres à mon équipe,
▶ je n’arrive plus à m’adapter au système,
▶ j’ai un mal fou à réfléchir correctement,
▶ je m’en veux de ne plus être à la hauteur,
▶ mon boulot ne me nourrit plus intérieurement,
▶ je n’ai plus la force de me lever le matin pour aller travailler.
Comment répondre à des questionnements si complexes, révélateurs de notre irrépressible besoin de sens ?
Pour des coachs passionnés par leur métier, il y a là un formidable terrain d’expression. Le rapport au vide ou à l’impuissance, le syndrome de l’imposteur, ça leur parle.
Mais attention aux fausses pistes, et elles sont nombreuses.
Un coaching reste un coaching. Il ne doit pas dériver vers un travail thérapeutique qui ne dit pas son nom.
Un coaching ne peut pas tout résoudre. Gare aux promesses et au fantasme de toute-puissance.
Les théories descriptives ou explicatives ne marchent pas. Affirmer à un individu en souffrance « vous n’êtes pas aligné » ou « vous êtes pris dans une relation toxique », c’est l’inviter à changer de comportement. Alors qu’il a d’abord besoin, pour retrouver du sens, de redevenir maître de lui-même.
La démobilisation ne nourrit pas le sens. Et je ne crois pas à la stratégie de l’abandon : me désengager de mon travail, puisqu’il est absurde, pour mieux « cultiver mon jardin », tel Candide.
Les questions de sens ne se règlent pas par des ruptures brutales. Exemple : démissionner pour monter sa boîte. On quitte quelque chose dont on ne veut plus, sans savoir vers où on va, ni pourquoi. Cela génère un bon shoot émotionnel, mais c’est une récompense à court terme, pas un ancrage durable.
À mes yeux, le coaching qui traite de manière juste la perte de sens doit être « existentiel ». C’est-à-dire capable d’accompagner la prise de décision à fort impact existentiel, celle qui redonnera de la densité au quotidien. Par exemple :
▶ me réengager dans mon entreprise ou démissionner ?
▶ me réinvestir dans mon métier ou en changer ?
▶ me reconstruire là où je vis, ou dans une autre région voire un autre pays ?
▶ me battre pour réinventer mon couple ou divorcer ?
Le coaching existentiel est l’héritier de deux courants : celui de la performance professionnelle, né dans les années 70 (être un crack dans son métier), et celui plus récent du développement personnel (« parce que je le vaux bien »).
Mais il les renouvelle complètement l’un et l’autre. Je vous en dis plus dans mon prochain post !
Jérôme Curnier