La difficulté n°1 du manager qui prend ses fonctions

La difficulté n°1 du manager qui prend ses fonctions ? 

Il ne sait pas ce qu’on attend de lui.


Soit il bénéficie d’une promotion interne et on a jugé superflu de lui expliquer le contexte.


Soit il existe une fiche de poste, souvent lapidaire ou truffée de formules creuses : vous mènerez votre équipe à la réussite, l’humain est au cœur de votre action…


Voilà comment un manager plein de bonne volonté se retrouve à la peine dès le premier jour :


▶ qu’est-ce que je suis censé faire précisément ?

▶ sur quels critères mon travail sera-t-il évalué ?

▶ comment savoir si je suis un bon manager ?


Il y a de quoi s’inquiéter sur sa capacité à faire et douter de sa propre valeur !


Pour accompagner en coaching un manager pris dans ce piège, je procède en 4 étapes.


1️⃣ Mettre à plat ce qu’il imagine devoir être


Sa vision du « bon manager » est souvent extrême : il n’exprime pas ses émotions, il a cent jours pour convaincre, il assure quoi qu’il arrive…


Elle relève d’un Moi idéalisé inatteignable et le conduit à un excès de dureté envers lui-même.


Il ne se pardonne rien et s’assèche intérieurement.


Il faut revenir au réel : dissocier l’interprétation du manager des attendus de sa hiérarchie, aller chercher auprès d’elle des objectifs précis, dialoguer.


2️⃣ Le (re)connecter à lui-même


Le dialogue avec le manager et l’emploi d’un outil psychométrique font ressortir valeurs, talents, appétence au risque, agilité, rapport au groupe, mode de passage à l’action, etc.


Cette connaissance de soi lui fournit des points de repère pour définir et assumer son identité managériale.


Il met de côté le « bon manager » version prêt-à-porter pour s’offrir un costume sur mesure.


3️⃣ Lui apprendre à mobiliser autrement ses compétences


Un manager « reconnecté » mobilise mieux ses compétences, parce qu’il n’agit plus contre ou en dépit de lui-même.


Exemple : sa capacité à dépasser les difficultés n’est plus contaminée par le besoin de défendre son image de bon manager. Elle est mise au service de la résolution du problème.


De même, il ne voit plus ses incompétences comme une preuve de son imposture et y remédie plus facilement.


4️⃣ L’aider à penser son action dans les domaines de la relation et de la coopération


Par exemple, je lui montre comment mobiliser les États du Moi fonctionnels de l’analyse transactionnelle (Parent, Adulte, Enfant) pour :


▶ ajuster la distance avec ses collaborateurs en se mobilisant dans tel ou tel État, là où il se l’interdisait,

▶ réaffirmer son autorité tout en restant soutenant,

▶ identifier les transactions efficaces et les jeux psychologiques délétères, pour rétablir une communication saine et sereine.


Sans modèle théorique pour matérialiser sa posture, le manager peut s’enfermer dans des comportements caricaturaux : fermeté ou complicité surjouées, abstention ou agitation, laxisme ou rigorisme...


Avec ces éléments, il apprend à exprimer sa personnalité et à habiter son rôle sans craindre d’être un « mauvais » manager.


Jérôme Curnier


dans Billets
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