Quand un client formule son problème d’une manière qui le « pathologise », son coach doit rectifier le tir pour ne pas se fourvoyer dans une fausse piste.
Sinon, le client restera enlisé dans son problème, ce qui peut générer désespoir, sentiment d’impuissance, autodévalorisation.
J’ai coaché récemment un client qui décrivait son problème ainsi :
« Dans ma vie professionnelle, je suis trop dépendant du regard des autres : mon chef, mes collègues, mon réseau, mon épouse et même mon père ».
Il venait de quitter une boîte où il avait passé 15 ans, se réjouissait d’avoir reçu de nombreux cadeaux de départ, tout en désirant toujours plus de feedbacks positifs : « on va te regretter, j’ai aimé bosser avec toi, etc. »
Il avait failli être recruté ailleurs, avait passé six entretiens, avant qu’on lui oppose un refus : « on ne vous sent pas assez motivé ». Ce qui était effectivement le cas au départ.
Mais son épouse, son père, certains de ses ex-collègues lui avaient répété que c’était une belle opportunité, un gage de sécurité financière, etc. Il s’en était autoconvaincu.
Il avait voulu ce poste qui ne lui ressemblait pas, avait été rejeté et se sentait blessé.
D’où sa demande de coaching, pour remédier à cette dépendance vécue comme problématique et pathogène : « je devrais être autrement ».
Il y avait ajouté une demande paradoxale : « Jérôme, es-tu optimiste sur ma capacité à changer ? ». Le regard de l’autre, encore.
Ce client avait un profil PCM d’énergiseur. Sa demande existentielle, c’est « suis-je acceptable ? ». Ce n’est pas une maladie, c’est sa nature.
Sa quête d’approbation extérieure est un symptôme : il ne nourrit pas un besoin essentiel. En l’occurrence, être accepté pour ce qu’il est, et même choisi pour sa différence.
Or, un énergiseur est créatif, spontané, intuitif, épris de liberté. Pas conformiste.
En parallèle de son recrutement inabouti, mon client a lancé un groupe de pros en recherche d’emploi qui s’épaulent et se motivent. Il y joue un rôle moteur et fourmille d’idées.
Il pratique le parapente, l’alpinisme, le cyclisme… Des sports d’aventure et de prise de risque.
Il ne doit pas se « soigner » mais s’accepter. Gagner en confiance, en légitimité intérieure, en estime de soi. Autrement dit, apprendre à s’aimer.
Laisser parler son cœur, et aussi rationaliser, étayer, charpenter intellectuellement ce basculement.
Assumer le fait de solliciter les feedbacks de ses anciens collègues – pour nourrir son besoin de reconnaissance – et non les espérer en secret.
Trouver son prochain job en suivant d’abord à son intuition, et demander à son épouse un avis bienveillant et chargé d’amour, respectueux de ce qu’il est.
Ne plus se soucier de l’avis de son père, comme s’il était encore un enfant non acceptable.
Il n’y a pas de « maladie » à éradiquer, pas de honte à satisfaire ses besoins essentiels. C’est le regard porté sur cette quête vitale qui compte.
Jérôme Curnier