Le coaching du manager expérimenté

Quand on conseille un coaching à un manager expérimenté, il le vit souvent assez mal.

C’est le signe que le malaise de ses collaborateurs est assez vif pour arriver aux oreilles de sa hiérarchie et la décider à agir.


On reproche à l’intéressé de mal communiquer, de ne plus mobiliser ses troupes, de ne pas atteindre ses objectifs, de manquer de vision stratégique…


Ou on lui refuse la promotion qu’il visait. C’est le désaveu brutal, assorti de cette suggestion : « et si vous faisiez un coaching ? »


Comment accompagner ces profils de manière fructueuse ? 


Première règle : considérer la personne pour ce qu’elle est, et pas seulement pour ce qu’elle a manqué. Personne n’est bon tout le temps et partout. 


Je propose aux managers de me raconter deux types d’histoires :


🔸 d’abord, des réalisations dont ils sont fiers et qu’ils ont aimé entreprendre,

🔸 puis des situations où ils ont été en difficulté, avec les autres et avec eux-mêmes ; elles ont été source d’insécurité.


Ces récits en positif et en négatif construisent une image de la personne et de ses mécanismes, notamment sous stress.


Ils éclairent ses échecs, et la façon dont l’excès de stress la pousse à l’erreur, donc aggrave la situation, donc augmente leur stress, etc. 


Je pose aussi cette question existentielle : qu’avez-vous envie de faire et de devenir ces prochaines années ?


Souvent, ils ne savent plus. Secoués par leur accident de carrière, ils ont perdu leurs repères. 


C’est l’occasion, s’ils sont partants, de relire avec eux l’ensemble de leur trajectoire : éducation scolaire, parcours professionnel, réussites, relations, sens donné à leur vie…


Je les aide alors à se situer entre les quatre « terres » symboliques d’un modèle que j’ai défini :


▪ terre d’origine : celle où nous sommes nés, où vivait notre famille, où nous avons fait nos études, etc., 

▪ terre d’adoption : celle où nous sommes arrivés par opportunité, par exemple pour le premier job,

▪ terre d’élection voire de prédilection : celle que nous abordons un jour par choix, pour nous épanouir pleinement,

▪ terre promise : celle qui nourrit nos plus hautes aspirations de développement et d’unification de notre personne. 


Le manager en difficulté est souvent en transit entre deux terres, à son insu. Il en souffre. 


Je me souviens de cette responsable RH, tiraillée entre la peur de perdre son job et la peur de le quitter, qui avait asphyxié, éteint son désir d’aventure.


Le coaching éclaire le manager sur le nouveau sens qu’il veut donner à sa vie professionnelle. Il l’aide à trouver sa juste place. Toute son équipe en bénéficiera.


En prévention, j’aimerais voir se multiplier en entreprise les communautés de pairs en mode ressource : chacun apprend et aide l’autre à trouver ses solutions.


Les managers seraient moins seuls face à leurs difficultés, dont ils n’ont pas à porter l’entière responsabilité.


Jérôme Curnier

dans Billets
Comment être un bon manager-coach ?