Les nouveaux visages du coach

Un article « Les Echos - Business » de Julie Le Bolzer


Les nouveaux visages du coach

Alors que le coaching se déploie de plus en plus dans l’entreprise, le coach peut jouer un rôle de première importance, celui d’accompagner la transformation et de réguler les relations voire gérer des conflits. Les explications de Jérome Curnier, auteur du livre « Coaching Global »*.

« A l’heure actuelle, plus de 250 thèses de doctorat ont été consacrées au coaching dans le monde. Cela illustre combien le coaching a gagné en crédibilité et a définitivement acquis ses lettres de noblesse », estime Jérôme Curnier, coach, enseignant, superviseur et auteur d’une collection sur le coaching[1]. « Cette pratique se diffuse de plus en plus dans les entreprises, toutes tailles et secteurs confondus et auprès de populations de collaborateurs de plus en plus variées. Jusqu’alors, il concernait essentiellement dirigeants et top managers ; depuis quelques années, il s’étend aux managers intermédiaires », pointe Jérôme Curnier qui dresse pour nous le portrait du « coach version 2016 »…

Vecteur de cohésion. « L’une des missions principales du coach reste le développement du leadership et du management post-moderne 2.0 : non seulement le manager doit savoir faire-faire, mais il importe aujourd’hui qu’il sache inspirer alors même que la société se désenchante… Pour cela, le manager doit susciter la coopération au sein de ses équipes. Un des enjeux pour l’entreprise est aujourd’hui d’adjoindre au contrat de travail du collaborateur un véritable contrat de coopération, le premier concernant l’individu, le second le collectif. Pour cela, le coach a un rôle privilégié à jouer : celui de faire travailler à la mise en cohérence des modes de travail et au développement de la cohésion, autrement dit à la qualité du lien interpersonnel entre collaborateurs, explique Jérôme Curnier.

Accompagnateur du processus de deuil. Autre réalité du monde économique en pleine mutation : nombre de grandes organisations se restructurent. « L’ambiance est à la réorganisation massive… et il y a beaucoup de casse (PSE répétitifs, branches d’activités qui disparaissent, métiers qui évoluent) !, observe Jérôme Curnier. Ainsi, de plus en plus d’entreprises sollicitent le coach pour accompagner les processus de changement et de deuil au travers de groupes de parole par exemple. Ces groupes (co-développement, analyse de la pratique managériale) constituent d’ailleurs de nouvelles modalités pour développer et raffermir l’intelligence collective alors que les environnements deviennent structurellement mouvants. Telle est la teneur essentielle de son ouvrage qui présente les modalités opérationnelles de tels groupes de paroles. »

Agent du changement. Du fait de ces changements importants, les collaborateurs de l’entreprise sont sollicités comme jamais auparavant, les obligeant à développer agilité et flexibilité. « La spécificité du coach, souligne encore Jérôme Curnier, c’est qu’il s’engage auprès d’eux dans ces transformations de façon de plus en plus opérationnelle et impliquée. Car le coaching n’est pas seulement un métier qui se pratique, il exige une posture du praticien qui témoigne de sa propre transformation. Autrement dit, s’il arrive au consultant de prescrire le changement comme de l’extérieur, le coach, quant à lui, accepte de se l’appliquer à lui-même avant que de l’accompagner. C’est cela aussi qui assure sa crédibilité ; »

Travailler en amont. L’une des difficultés rencontrées, c’est que le changement préconisé par les Comité de Direction, ne s’applique pas à ceux qui le prescrivent. Il reste donc un travail important de vulgarisation à mener auprès des dirigeants afin que les coachs soient sollicités en amont des situations d’urgence voire de rupture. Comme le disait Jean Monnet (l’un des grands fondateurs de l’Union Européenne) cité par Jérôme Curnier, « les hommes n’acceptent le changement que dans la nécessité et ils ne voient la nécessité que dans la crise. Malheureusement, ils ne comprennent la crise que dans la douleur ! ». Que les entreprises travaillent en avance de phase avec des coachs permettrait sans doute d’éviter une partie de cette souffrance.

Julie Le Bolzer

[1] « Coaching Global, accompagner les enjeux d’un monde en mutation » – Tome 1, novembre 2015. A paraître en septembre 2016 : Tome 2 – « Coaching Global, coacher managers, dirigeants et équipes en entreprise ».


Lettre n°6 : peut-on penser le management du futur ?
Newsletter transition Avril 2014